Les vagues ondulaient, la mer sentait le sel, le sable était humide, et pourtant, rien n'était comme il fallait. Il manquait quelque chose, et il s'exaspérait de son propre agacement. Après tout, il avait longtemps surfé seul. Quel était le problème? Il tenta encore quelques vagues, par pure obstination, avant d'enfin rendre les armes. Il devait se rendre à l'évidence : il n'arriverait à rien aujourd'hui, et même si la vague du siècle était là il aurait été incapable d'en profiter. Le frisson habituel était absent, et il savait pourquoi. Encore plus en colère à présent, il rejoignit la cause de ses tourment au bord de l'eau. "-Pousse-toi" lança-t-il sèchement au jeune garçon qui s'était assis là sur sa propre planche, en prenant la place restante sans attendre aucune réponse. Il resta là quelques instants en silence, fusillant rageusement la mer du regard, avant d'attraper une poignée de sable et de la lancer en l'air devant lui. "-Je peux savoir ce que tu as?" demanda-t-il sans daigner adresser un regard à son voisin. L'autre secoua la tête, et soupira. Damien avait toujours été un rêveur, et ce jour-là ne faisait pas exception ; il y avait juste des moments où c'était plus frustrant que d'autres. "-Alors?" "-Alors, il fait trop gris." fut la réponse énigmatique. "-Tu es venu jusqu'ici, alors même si t'es pas très enthousiaste, un peu de nerfs!" s'exclama Adrien sans plus pouvoir retenir son agressivité. "Lance-toi bon sang !" Damien sourit, lui donnant plus envie encore de lui mettre son poing dans la figure. Pourquoi ne le fait-il pas, d'ailleurs? Avec Martin ou André, il ne se serait pas gêné. Mais Damien a toujours eu le don d'être différent, et de rendre tout le monde fou autour de lui. Adrien le détestait d'autant plus qu'il ne faisait pas exception à la règle. Un autre moment de silence débuta, s'étira. Finalement, Adrien céda. "-Il fait gris, et alors?" La mer monta brièvement jusqu'à eux, et Damien plongea les mains dans l'eau, le regard perdu dans son monde intérieur. "-Alors, il fait trop gris. Regarde, le ciel est gris, la mer est grise, le sable est gris. Même nous, nous sommes tout gris. C'est pas un temps pour prendre son pied." "-Et quoi, tu as un problème avec le fichu gris?" "-Quand tu demandes aux gens quel est le sentiment qu'ils détestent le plus, ils te répondent l'hypocrisie ou la haine." Adrien se frappa le front. "-Mais oui, bien sûr, comment aurai-je pu ne pas y songer!?" Damien rit doucement, et Adrien fut presque soulagé de voir la vie revenir dans ses yeux. C'était stupide, mais chaque fois que son ami partait dans ses délires étranges, il craignait qu'il ne puisse jamais en revenir. "-C'est juste que moi, le sentiment qui m'insupporte le plus, c'est l'indifférence. Tu sais, le gris. Le vide. Le rien. Même pas être digne de mépris, juste... rien. Même pas la vie." Adrien cilla, mais se reprit bien vite. Il ferma brièvement les yeux, puis poussa Damien de toutes ses forces dans l'eau froide. "-Hey!" "-Arrête de te prendre la tête et viens surfer." déclara-t-il en se levant. "Allez, debout! Comment diable veux-tu chasser l'indifférence si tu te contentes de la regarder sans rien dire ni faire?" Et, sans plus se préoccuper de ce rêveur imbécile, il s'avança vers les vagues. Derrière lui, Damien sourit. Prenant son courage à deux mains, il ramassa sa planche et le suivit.
Merci ^^ Faut dire que j'ai lu ton post deux minutes après m'être dite que j'aimerais bien avoir un exercice d'écriture sous la main XD Refais-nous ça de temps en temps!
Le message lui donnant rendez-vous sur la plage avait été on ne peut plus clair, c’était ce soir ou jamais. A peine eut-il posé un pied dans le sable qu’il le vit, seul, assis sur son surf sur le rivage. Le temps était maussade et la marée commençait à monter, mais ça ne l’empêcha pas de le rejoindre et de s’asseoir à côté de lui, sur ce petit bout de polyuréthane. Aucun deux n’amorça la conversation. Après tout, il n’y avait rien à dire. La fin de l’été approchait et avec elle la fin de leur relation. Leurs doigts se joignirent et leurs regards se perdirent dans l’immensité de l’océan : ils allaient embrasser les derniers instants qu’il leur restait, tout simplement.
Il ne l’avait pas entendu arriver. Maxence avait toujours su se faire discret malgré les lois de la réalité, comme s’il ne marchait jamais vraiment en touchant le sol. Pourtant, il savait combien Maxence adorait la sensation du sable fin sous ses pieds alors il oubliait vite ces idées idiotes. Il lui fit un sourire et Maxence s’assit contre son flanc sur la planche orange. Maxence s’appuya l’épaule contre la sienne.
Ils avaient toujours aimé regarder les vagues ensemble. Le ronronnement des vagues de plus en plus haute, faisant avancer ou reculer la mer au gré de l’écume avait toujours été pour eux la plus douce des musiques. Ou presque.
Sa combinaison le démangeait un peu. Le sel collait à sa peau après une journée entière passée dans l’eau à réfléchir, admirer les reflets du soleil caresser la surface, l’odeur d’iode et de sel tout autour de lui.
« Tu pars quand ? demanda Maxence doucement. -Dans trois jours.
Maxence hocha la tête avant de la poser contre la sienne.
« Tu seras bien là-bas. -Je n’ai pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour être bien quelque part, répondit-il sur la défensive.
Maxence rit chaudement à son oreille.
« La Nouvelle-Calédonie ce n’est qu’à douze heures d’avion tu sais.
Il se mordit la lèvre. Pourquoi le contrat de ses rêves était-il arrivé maintenant ? Ce n’était vraiment pas juste des fois.
« Viens avec moi, dit-il fermement.
Maxence refusa de la tête.
« Tu sais que je ne peux pas partir. Pas maintenant. -S’il te plaît Maxence. Ça n’a aucun intérêt si tu n’es pas là avec moi, supplia-t-il.
Maxence l’embrassa longuement sur la joue.
« Je viendrais. Mais pas maintenant, répondit Maxence.
Il ferma les yeux pour profiter d’un nouveau baiser chaud contre sa peau froide et salée.
no subject
Date: 2008-09-11 05:45 pm (UTC)Il tenta encore quelques vagues, par pure obstination, avant d'enfin rendre les armes. Il devait se rendre à l'évidence : il n'arriverait à rien aujourd'hui, et même si la vague du siècle était là il aurait été incapable d'en profiter. Le frisson habituel était absent, et il savait pourquoi.
Encore plus en colère à présent, il rejoignit la cause de ses tourment au bord de l'eau.
"-Pousse-toi" lança-t-il sèchement au jeune garçon qui s'était assis là sur sa propre planche, en prenant la place restante sans attendre aucune réponse.
Il resta là quelques instants en silence, fusillant rageusement la mer du regard, avant d'attraper une poignée de sable et de la lancer en l'air devant lui.
"-Je peux savoir ce que tu as?" demanda-t-il sans daigner adresser un regard à son voisin.
L'autre secoua la tête, et soupira. Damien avait toujours été un rêveur, et ce jour-là ne faisait pas exception ; il y avait juste des moments où c'était plus frustrant que d'autres.
"-Alors?"
"-Alors, il fait trop gris." fut la réponse énigmatique.
"-Tu es venu jusqu'ici, alors même si t'es pas très enthousiaste, un peu de nerfs!" s'exclama Adrien sans plus pouvoir retenir son agressivité. "Lance-toi bon sang !"
Damien sourit, lui donnant plus envie encore de lui mettre son poing dans la figure. Pourquoi ne le fait-il pas, d'ailleurs? Avec Martin ou André, il ne se serait pas gêné. Mais Damien a toujours eu le don d'être différent, et de rendre tout le monde fou autour de lui. Adrien le détestait d'autant plus qu'il ne faisait pas exception à la règle.
Un autre moment de silence débuta, s'étira. Finalement, Adrien céda.
"-Il fait gris, et alors?"
La mer monta brièvement jusqu'à eux, et Damien plongea les mains dans l'eau, le regard perdu dans son monde intérieur.
"-Alors, il fait trop gris. Regarde, le ciel est gris, la mer est grise, le sable est gris. Même nous, nous sommes tout gris. C'est pas un temps pour prendre son pied."
"-Et quoi, tu as un problème avec le fichu gris?"
"-Quand tu demandes aux gens quel est le sentiment qu'ils détestent le plus, ils te répondent l'hypocrisie ou la haine."
Adrien se frappa le front.
"-Mais oui, bien sûr, comment aurai-je pu ne pas y songer!?"
Damien rit doucement, et Adrien fut presque soulagé de voir la vie revenir dans ses yeux. C'était stupide, mais chaque fois que son ami partait dans ses délires étranges, il craignait qu'il ne puisse jamais en revenir.
"-C'est juste que moi, le sentiment qui m'insupporte le plus, c'est l'indifférence. Tu sais, le gris. Le vide. Le rien. Même pas être digne de mépris, juste... rien. Même pas la vie."
Adrien cilla, mais se reprit bien vite. Il ferma brièvement les yeux, puis poussa Damien de toutes ses forces dans l'eau froide.
"-Hey!"
"-Arrête de te prendre la tête et viens surfer." déclara-t-il en se levant. "Allez, debout! Comment diable veux-tu chasser l'indifférence si tu te contentes de la regarder sans rien dire ni faire?"
Et, sans plus se préoccuper de ce rêveur imbécile, il s'avança vers les vagues.
Derrière lui, Damien sourit. Prenant son courage à deux mains, il ramassa sa planche et le suivit.
Voilà :p
no subject
Date: 2008-09-11 06:05 pm (UTC)Mais vraiment vraiment adorable, je suis toute pleine d'amour pour toi, là *O*
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Date: 2008-09-11 06:06 pm (UTC)Faut dire que j'ai lu ton post deux minutes après m'être dite que j'aimerais bien avoir un exercice d'écriture sous la main XD Refais-nous ça de temps en temps!
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Date: 2008-09-11 07:05 pm (UTC)no subject
Date: 2008-09-12 08:43 am (UTC)A peine eut-il posé un pied dans le sable qu’il le vit, seul, assis sur son surf sur le rivage. Le temps était maussade et la marée commençait à monter, mais ça ne l’empêcha pas de le rejoindre et de s’asseoir à côté de lui, sur ce petit bout de polyuréthane.
Aucun deux n’amorça la conversation. Après tout, il n’y avait rien à dire. La fin de l’été approchait et avec elle la fin de leur relation.
Leurs doigts se joignirent et leurs regards se perdirent dans l’immensité de l’océan : ils allaient embrasser les derniers instants qu’il leur restait, tout simplement.
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Date: 2008-09-12 10:17 am (UTC)C'est joli mais c'est super triste :(
Ils se retrouvent l'été prochain au moins ? :p
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Date: 2008-09-13 12:08 pm (UTC)Il ne l’avait pas entendu arriver. Maxence avait toujours su se faire discret malgré les lois de la réalité, comme s’il ne marchait jamais vraiment en touchant le sol. Pourtant, il savait combien Maxence adorait la sensation du sable fin sous ses pieds alors il oubliait vite ces idées idiotes. Il lui fit un sourire et Maxence s’assit contre son flanc sur la planche orange. Maxence s’appuya l’épaule contre la sienne.
Ils avaient toujours aimé regarder les vagues ensemble. Le ronronnement des vagues de plus en plus haute, faisant avancer ou reculer la mer au gré de l’écume avait toujours été pour eux la plus douce des musiques. Ou presque.
Sa combinaison le démangeait un peu. Le sel collait à sa peau après une journée entière passée dans l’eau à réfléchir, admirer les reflets du soleil caresser la surface, l’odeur d’iode et de sel tout autour de lui.
« Tu pars quand ? demanda Maxence doucement.
-Dans trois jours.
Maxence hocha la tête avant de la poser contre la sienne.
« Tu seras bien là-bas.
-Je n’ai pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour être bien quelque part, répondit-il sur la défensive.
Maxence rit chaudement à son oreille.
« La Nouvelle-Calédonie ce n’est qu’à douze heures d’avion tu sais.
Il se mordit la lèvre. Pourquoi le contrat de ses rêves était-il arrivé maintenant ? Ce n’était vraiment pas juste des fois.
« Viens avec moi, dit-il fermement.
Maxence refusa de la tête.
« Tu sais que je ne peux pas partir. Pas maintenant.
-S’il te plaît Maxence. Ça n’a aucun intérêt si tu n’es pas là avec moi, supplia-t-il.
Maxence l’embrassa longuement sur la joue.
« Je viendrais. Mais pas maintenant, répondit Maxence.
Il ferma les yeux pour profiter d’un nouveau baiser chaud contre sa peau froide et salée.
« Rentre » murmura Maxence.
Quand il rouvrit les yeux, Maxence avait disparu.
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Date: 2008-09-13 12:11 pm (UTC)